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 Agnès Retour à Carcosa (narration longue): Le dernier Roi.

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Thierry
Artiste torturé isolé à Dunwich
Thierry


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Agnès Retour à Carcosa (narration longue): Le dernier Roi. Empty
MessageSujet: Agnès Retour à Carcosa (narration longue): Le dernier Roi.   Agnès Retour à Carcosa (narration longue): Le dernier Roi. EmptyMer 14 Mar 2018 - 20:59

Le Dernier Roi. Partie en 10 tours. Premier essai.

Main de départ : Connaissance interdite / Peter Sylvestre expérimenté / Creuser trop profondément / Batte de base-ball / Courage inattendu.

Tour 1 :
Pas de phase de mythe.

Investigations :
Pose de Peter Sylvestre expérimenté (2R).
Pose de Connaissance interdite.
Pose de la batte de base-ball (0R).

Phase d'ennemis vide.

Phase d'entretien : +1R (1R), pioche du rituel de recherche (quasiment inutile dans ce scénario).




Agnès mit un peu plus longtemps que prévu à se préparer : elle fit un détour assez long par sa salle de bains et par le placard dans lequel elle enfermait les recettes soufflées par Mary...pas le genre de recettes qu'elle proposait aux clients. L'odeur de la pâte qu'elle appliqua sur sa jambe blessée était telle qu'elle aurait pu expliquer à elle seule l'absence de chiens et de rats dans tout le quartier...même si le phénomène avait sans doute plus à voir avec la multiplication des chats errants dans la zone depuis quelques mois, de féroces rôdeurs des gouttières, couturés de cicatrices, aux oreilles et aux queues manquantes et que personne ne s'avisait d'approcher. Agnès les entendait souvent se réunir sur le toit de sa vieille maison et elle s'endormait sereine sous leur garde.
Mais les chats avaient disparu ce soir-là : quand Agnès sortit de chez elle, il n'y avait personne dans la rue et les étoiles jaunâtres étaient des yeux malveillants qui la fixaient. Elle hâta le pas jusqu'au 1452 Atlantic Avenue, la demeure très cossue de la famille Dumaine dont la fortune était aussi incontestable que d'origine douteuse. Elle réfléchissait aux événements de la soirée et conférait de leur implication avec Mary quand Peter la dépassa, perché sur un vélo, effectua un parfait demi-tour et se trouva devant elle. Il descendit de son engin et ôta les pinces de ses pantalons, non sans sourire à la sorcière.
« Vous avez fait vite mademoiselle ! »
« Vous aussi... » Agnès avait espéré arriver avant le jeune homme et trouver le moyen de l'empêcher d'accéder à la réception. Le sourire de Peter s'accentua comme s'il lisait dans les pensées de la sorcière...c'était pourtant vrai que le smoking lui allait bien, et il irradiait de confiance. C'était peut-être dû à la solide batte qu'il tenait à la main. Tandis qu'il rangeait son vélo, Agnès soupira :
« Bien...puisque vous êtes là, entrons. Mais promettez-moi de ne pas vous éloigner de moi. »
« Je dois vous tenir la main ? Si ça peut vous rassurer... »
« La question est plutôt de savoir si vous tenez à votre jolie petite gueule. »
Le sourire du garçon se figea sur son visage et il se rangea sagement sur le côté pour accompagner la jeune femme en silence sur les derniers mètres.
« Il faut reconnaître que pour ce qui est de remballer les gens, tu n'as de leçons à recevoir de personne. »
Agnès allait intérieurement et vertement répondre mais ils venaient de franchir le magnifique portail du manoir Dumaine et ce qu'ils virent prit le pas sur toute autre considération : une large traînée de sang sur le pavage menait jusqu'à la porte principale défoncée comme à la hache et les fenêtres de la façade, bien que brillamment illuminées, laissaient sortir par de nombreux carreaux brisés une musique sourde, fausse et lancinante de discordances. Quelques hurlements perçaient parfois cette cacophonie mais ils étaient moins effrayants que les rires hystériques qui les suivaient immanquablement. Peter ne souriait plus et Agnès restait pétrifiée de stupeur : c'était comme dans le théâtre et, encore une fois, ses sens de sorcière étaient incapables de distinguer la réalité et l'illusion. En fait, ils mettaient même en doute que cette différence existât.
« Mademoiselle Baker, que faisons-nous maintenant ? »
La jeune femme passa sa langue sur ses lèvres sèches et commença à déboutonner son manteau :
« Moi je vais entrer. Mais vraiment, Peter, je préférerais que de votre côté... »
« Il n'en est pas question ! Je pensais cacher cette batte quelque part dans les buissons au cas où j'en aurais eu besoin mais j'ai bien l'impression que je devrais entrer avec. »
« Je doute que ce soit la chose la plus remarquable de la soirée, en effet. »



Tour 2 :
Phase de mythe : +1F (1/3). Nuée de cafards ; engagement.

Investigations :
Combat à la batte (4 contre 2) : signe des anciens Succès. Les cafards sont battus.
Creuser trop profondément (0R). Pioche de Marqué par le signe. Test (6 contre 2) : -4 Succès. Creuser trop profondément va dans la pile de victoire.
Enquêter + défausse de courage inattendu (4 contre 2) : cultiste -2 Succès. Un indice.

Phase d'ennemis vide.

Phase d'entretien : +1R (1R), pioche de Tracer le signe.




En dépit de l'état de la porte principale et de la musique toujours aussi démentielle, le hall d'entrée était splendide, riche et chaleureux. Un majordome très élégant se dirigea vers Agnès et Peter dès qu'ils eurent franchi le seuil :
« Puis-je prendre votre manteau et les affaires de ce jeune homme ? »
Peter était blême. Agnès fixait sans répondre les moignons sanguinolents à la place des mains du domestique impassible. Elle répondit lentement :
« Non, merci. Nous ne resterons pas très longtemps. »
« Comme vous le souhaiterez. Passez une bonne soirée. »
La sorcière inclina la tête et s'éloigna, suivie de son acolyte, vers le fond du hall où se dessinaient trois portes majestueuses...mais alors qu'elle marchait sur un épais tapis, celui-ci se mit à onduler de manière odieuse sous ses pieds et elle entendit le craquement de carapaces chitineuses. Les cafards jaillirent et commencèrent à grimper le long de ses jambes. Elle ôta vivement son manteau et s'en servit pour les faire tomber au sol où Peter et elle les écrasèrent frénétiquement pendant un temps qui leur parut interminable. La puanteur des petits cadavres devint vite insoutenable et Peter saisit Agnès par le bras pour l'entraîner vers la cour mais la sorcière, le visage fermé, se dégagea et revint vers le portier en broyant les derniers insectes sous ses chaussures souillées. Elle tendit sèchement son manteau :
« Tenez ! Et veillez à ce qu'il soit propre quand je reviendrai le chercher. »
Le domestique eut un balancement hésitant puis il prit maladroitement mais respectueusement le vêtement :
« Cela va de soi, madame. »
Agnès fit demi-tour et revint vers Peter en passant des mains nerveuses sur sa robe pour la lisser. Curieusement, ce petit geste familier suffit à la calmer. Les phalanges du garçon étaient blanches sur le manche de sa batte mais il faisait bonne figure. Un jeune homme décidément étonnant, songea la sorcière.
« Un peu d'air dans la cour peut-être ? » suggéra-t-il.
Agnès secoua la tête :
« Non. Par la gauche. Quelqu'un chante dans cette salle et je veux entendre cette chanson. »
« C'est vous qui décidez. »
« Ne lâchez pas votre batte. »
« Oh, ne vous en faites pas pour ça ! »



Tour 3 :
Phase de mythe : +1F (2/3). Cuisine raffinée : +1 horreur sur Peter et +1 dégât sur Agnès.

Investigations :
Déplacement dans la salle de bal où se trouve Ashleigh Clarke.
Deux actions : discussion avec Ashleigh Clarke et récupération d'un indice. L'effet de la salle de bal me permet de récupérer +2R (3R).
Peter se soigne : -1 horreur.

Phase d'ennemis vide.

Phase d'entretien : +1R (4R). Pioche de Perception.




L'énorme lustre de la salle de bal illuminait une scène qui aurait pu être presque normale pour peu que l'observateur fût suffisamment imbibé et ne tînt aucun compte de la musique discordante et du comportement erratique de la plupart des invités...sans parler des yeux jaunes qui apparaissaient derrière chacune des immenses vitres et s'évanouissaient dès qu'on essayait de les fixer pour réapparaître aussitôt à la limite du champ de vision.
Et puis il y avait la musique et le chant. Une belle femme rousse chantait passionnément, accompagnée par un piano hystérique et l'ensemble formait une mélodie étrange, presque hypnotique, à laquelle Agnès se sentait profondément sensible...mais il lui paraissait impossible de saisir les paroles.
« Euh...mademoiselle Baker ? Vous allez bien ? »
La jeune femme eut un sursaut et se tourna vers Peter. Elle lui en voulait d'avoir rompu ce moment de fascination et en même temps, elle savait qu'elle aurait dû lui en être reconnaissante. Il y avait trop de choses ici propres à perturber une sorcière et le solide bon sens d'un étudiant en sport pouvait se révéler plus précieux que le contenu de maints traités ésotériques.
« Je vais bien, Peter. Il faut juste que je m'approche et que j'entende un peu mieux cette chanson. »
« Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée... »
La discussion fut interrompue par un serveur qui vint leur proposer un plateau avec quelques verres :
« Ces messieurs-dames prendront bien un cocktail de bienvenue ? »
Agnès allait l'envoyer sur les roses lorsqu'elle prit conscience de deux choses : d'abord l'attention soudaine que l'assistance leur portait. Même la chanteuse s'était interrompue et tous les regards étaient tournés vers eux. Ensuite le contenu du verre, ou plus précisément la chose évidemment organique qui gisait au fond du vin pétillant, et qui eut un bref sursaut.
La sorcière prit nonchalamment le verre et en fit glisser le contenu dans son gosier d'une traite. Le liquide lui brûla la gorge et la chose eut le temps de lui griffer le palais avant qu'elle l'eut broyée entre ses dents. La sensation d'écoeurement était presque insurmontable mais la tension retomba aussitôt et le chant incompréhensible s'éleva à nouveau. Le serveur se tourna vers Peter qui semblait au bord de l'évanouissement mais Agnès leva une main autoritaire :
« Non. Il n'a pas l'âge. »
Le domestique s'inclina et partir plus loin proposer sa boisson infernale qui avait un incontestable succès. Plus personne ne portait attention à la jeune femme et à son acolyte.
« C'était immonde. N'attends pas qu'il t'embrasse après ça. »
Sans répondre, Agnès cracha discrètement des débris craquants dans une serviette et avala un grand verre d'eau après s'être assurée qu'elle était normale.
« Je disais que j'allais m'approcher de cette chanteuse. Surveillez mes arrières, vous voulez bien ? »
Elle n'attendit pas la réponse et s'éloigna vers le piano.



Tour 4 :
Phase de mythe : +1F (3/3). Avancement de l'intrigue. Entrée de Dianne Devine dans la salle de bal.
Jeune psychopathe. Engagement : Peter subit +1 horreur.

Investigations :
Combat à la batte (4 contre 2) : -2 Succès. La jeune psychopathe est battue.
Engagement de Dianne Devine.
Combat à la batte (4 contre 2) : -2 Succès.
Action rapide connaissance interdite : +1R (5R), +1 horreur. +1 dégât en réponse sur Dianne Devine qui est battue.
Peter se soigne -1 horreur.

Phase d'ennemis vide.

Phase d'entretien : +1R (6R). Pioche de l'héritage d'Hyperborée.




Soudain, un brusque mouvement de foule se fit à l'entrée de la salle et la chanteuse rousse au sourire figé interrompit à nouveau son chant pour se tourner, comme l'ensemble des convives vers la nouvelle venue. Elle portait une robe sulfureuse à tous les sens du terme et Agnès dut reconnaître qu'elle la portait à merveille mais il émanait de cette femme une telle malveillance que la sorcière sentit la chair de poule lui couvrir les bras. Le majordome l'avait accompagnée jusqu'à l'entrée de la salle et il annonça :
« Mademoiselle Devine est enfin parmi nous ! »
Aussitôt, la femme fut entourée par une cour d'invités plus ou moins hystériques. Elle répondait à chacun avec un sourire malicieux tout en faisant passer entre ses doigts le médaillon qui pendait à son cou. Le signe gravé sur le bijou était le même que celui qui figurait sur le mur de la salle de répétition et Agnès s'aperçut avec horreur qu'elle était tentée de le tracer en l'air avec les doigts de sa main droite ; elle serra le poing et ce geste lui attira un regard perfide de mademoiselle Devine.
« Prends garde, susurra Mary, elle a des connaissances en sorcellerie. »
« Vraiment ? Il faut que je lui rende mes hommages alors. »
La femme était en grande discussion avec la chanteuse mais la presse autour d'elle était telle que Agnès eut du mal à s'y faufiler et tandis qu'elle s'y efforçait, elle ne prit pas garde à une jeune invitée qui avait saisi un couteau sur une table et qui le levait dans son dos. Il y eut un bruit sec de craquement suivi de la chute d'un corps sur le tapis. La sorcière se retourna d'un bloc et vit le corps étendu à ses pieds, à côté d'un Peter choqué par ce qu'il venait de faire. Les autres invités eurent à peine un regard pour l'incident mais se dispersèrent légèrement, ce qui permit à Agnès de se trouver soudain devant Dianne Devine.
Les deux femmes se jaugèrent du regard pendant quelques secondes. Dianne était véritablement une femme magnifique et qui en avait parfaitement conscience. Elle tendit la première sa main :
« Je ne crois pas que nous ayons été présentées...madame ? »
« Mademoiselle, rétorqua sèchement Agnès en saisissant la main tendue. Mademoiselle Baker. »
Un éclair féroce passa dans l'oeil noir de Dianne :
« Oui, le contenant... mais c'est le contenu qui m'intéresse : si vous laissiez un peu s'exprimer votre moi intérieur ? »
Agnès eut un sourire inquiétant :
« Si vous y tenez. »
Dianne Devine pâlit brusquement puis devint livide et ses pupilles se révulsèrent. Il y eut un bruit incongru quand les os de sa main se brisèrent sous la pression des doigts de la sorcière. Les yeux d'Agnès étaient écarlates et ses cheveux ondoyaient comme animés d'une vie propre ; elle se pencha à l'oreille de son interlocutrice et son haleine était brûlante quand elle murmura :
« Tu connais deux charmes, trois sortilèges, tu as lu quelques livres et tu te permets de manquer de respect à tes aînées ? »
La pression s'accentua sur les doigts et le gant jaune se teinta de rouge. Dianne émettait maintenant une sorte de long gémissement mais elle semblait incapable de dire ou de faire quoi que ce soit d'autre. Agnès poursuivit, sur un ton implacable :
« Tu as prétendu prendre le contrôle de ma main tout à l'heure, alors je prends la tienne en retour. Tu m'as assez fait perdre de temps mais comme tu es une consoeur débutante, je vais te laisser une chance : je t'ordonne de monter à l'étage et de te jeter par une fenêtre. Si tu réussis à échapper à ce commandement, tant mieux pour toi...sinon... »
La sorcière lâcha la main broyée et s'essuya les doigts dans une nappe tandis que sa victime partait, d'un pas mécanique, vers les escaliers intérieurs. Les autres invités s'étaient éloignés en murmurant, à part la chanteuse qui n'avait pas bougé et qui souriait à Agnès.
« Chantez donc ce que vous chantiez tout à l'heure, s'il vous plaît. »
Sans cesser de sourire, la chanteuse inclina la tête.



Tour 5 :
Phase de mythe +1F (1/3). Antiques fléaux (quelle saloperie!) +1F (2/3).

Investigations :
Deux actions : discussion avec Ashleigh. Ashleigh Clarke a été interrogée. +2R grâce à l'effet de la salle de bal (8R).
Déplacement dans la salle à manger.

Phase d'ennemis vide.

Phase d'entretien : +1R (9R), pioche du Flétrissement. Défausse du rituel de recherche à cause du Tracer le signe.




Le chant était doux et lancinant en même temps qu'il faisait passer des ondes de terreur à la surface des nerfs. Agnès s'aperçut que non seulement elle comprenait les paroles mais qu'elle les connaissait comme si elle les avait apprises ou même prononcées dans une autre vie :
« Au-dessus de la ville gronde un terrible orage,
Et les vagues se brisent sur l'or pur de la cage,
Les cieux ouvrent la Voie d'en haut
Vers Carcosa.

Au-dessous de la terre plongent les eaux salées,
L'astre rouge décroît, laissant l'ombre régner,
L'océan ouvre la Voie d'en bas
Vers Carcosa.

Les chansons qu'aux Hyades un jour on chantera
Là où flottent en bruissant les guenilles du Roi
Doivent mourir sans bruit dans Carcosa. »

Encore une fois, ce fut Peter qui tira Agnès de l'effet hypnotique du chant en l'attirant en arrière. Il y gagna un regard courroucé de la chanteuse tandis que la sorcière reprenait ses esprits et murmurait :
« Carcosa...je connais Carcosa et cette chanson. Mary, qu'as-tu fait ? »
« J'étais jeune Agnès... je cherchais le pouvoir. » Pour la première fois, Agnès entendait l'âge de son ancêtre dans le ton de sa voix. L'image de hauts clochers fuligineux au dessus d'un lac minéral s'imposa à son esprit, et des marches, des marches qui menaient à une horreur que la jeune femme s'interdisait de concevoir.
« Je crois qu'il vaut mieux qu'on s'en aille ! » cria Peter qui la secouait par les épaules sans ménagement. Elle se réveilla d'un coup, comme à l'issue d'un mauvais rêve et son regard tomba sur les yeux inquiets du jeune homme puis sur la chanteuse dont la peau commençait à se resserrer sur les os et à bleuir.
« Vous avez raison. Montons à l'étage. » Et elle entraîna Peter vers les escaliers précédemment gravis par Dianne Devine, en s'assurant que le garçon ne tournait pas la tête pour assister à la métamorphose de la chanteuse qui se poursuivait.



Tour 6 :
Phase de mythe +1F (3/3). Métamorphose de Ashleigh Clarke dans la salle de bal. Vase et immondices : +1 de valeur occulte pour chaque lieu.

Investigations :
Discussion avec Sébastien Moreau (6 contre 3) : Signe des anciens Succès (un indice).
Discussion avec Sébastien Moreau (6 contre 3) : -1 Succès (un indice). Sébastien Moreau a été interrogé.
Pose du Flétrissement (6R).

Phase d'ennemis : Ashleigh se déplace dans la salle à manger. Engagement. Attaque et +2 horreurs sur Peter.

Phase d'entretien : +1R (7R), Pioche de regard hypnotique.
Fin de tour : défausse de vase et immondices.




« Évidemment, songea Agnès, il fallait qu'on tombe dans la salle à manger. »
L'odeur rance de la nourriture avariée les avait accueillis dès les dernières marches de l'escalier mais c'était encore préférable au nouveau chant qui s'élevait depuis la salle de bal, surnaturel et insoutenable, un chant qu'aucune gorge humaine n'était capable de produire. Peter referma la lourde porte de chêne derrière eux malgré la couche de vase et d'immondices qui couvrait le plancher, ce qui assourdit sensiblement l'insupportable cantilène. Autour de la table, une quinzaine d'invités engloutissaient, au milieu du vrombissement des mouches, un horrible festin en puisant à pleines mains dans des plats et des saladiers. Le contraste entre leurs impeccables habits, les sièges de velours, l'argenterie et le contenu des assiettes était difficile à assimiler. Peter fournissait visiblement des efforts pour ne pas vomir. Agnès l'installa dans un fauteuil à l'écart et le laissa se remettre avant de se diriger vers le haut bout de la table où un individu légèrement exalté ou ivre discourait sur la mise en scène de la pièce avec un fort accent français. La sorcière eut tôt fait de transformer le monologue en discussion, une compétence qu'elle avait acquise après quelques années de service dans son bar, et elle comprit rapidement qu'elle parlait à rien moins que Sébastien Moreau, le metteur en scène du Roi en jaune. Il ne tarissait pas d'éloges sur son propre travail :
« Encore mieux que l'an dernier ! Assurément ! »
« L'an dernier ? Ce n'est donc pas votre seule représentation ? »
« Un chef-d'oeuvre pareil devrait être joué en continu, chère mademoiselle ! Mais nous avons été modestes : Paris, Florence New-York...une représentation unique à chaque fois. »
« Arkham fait modeste figure à côté de ces cités.»
Sébastien balaya l'argument d'un large geste, ce qui contraignit Agnès à éviter le couteau à viande qu'il tenait à la main :
« Un pèlerinage ! Engram, le premier metteur en scène, avait fait jouer la pièce ici, à une époque où le théâtre Ward n'existait même pas encore. Il tenait à revenir aux sources, vous voyez ? »
« Je n'en ai jamais entendu parler et les journaux n'y ont même pas fait allusion. »
« C'était avant votre naissance ma petite...quant aux journalistes, ne me parlez pas des journalistes ! Un ramassis de plumitifs sans talent qui éreintent les vrais artistes par jalousie ! Si j'en tenais un... »
Le couteau se planta en vibrant dans la table. Agnès trouva inutile d'interroger davantage un individu qui devenait plus nerveux à chaque seconde et prit poliment congé. Sébastien était si imbu de lui-même qu'il s'en rendit à peine compte et continua à pérorer pour son assiette.
À l'autre bout de la salle, Peter semblait s'être remis et lui faisait signe, debout près de la porte. Elle s'apprêtait à lui répondre quand le lourd panneau bascula en silence pour livrer passage à la chanteuse, ou plus exactement à ce qu'elle était devenue : une sorte de cadavre ambulant et émacié ; même de là où elle se trouvait, Agnès pouvait distinguer les vers et les cloportes qui couraient sur et sous sa peau. Elle aurait voulu empêcher Peter de se retourner mais c'était trop tard...
Le jeune homme hurla et la chanteuse accompagna son cri d'un son surnaturel qui vrillait les oreilles et pénétrait dans le cerveau comme un couteau chauffé au rouge.



Tour 7 :
Phase de mythe +1F (1/3). Cuisine raffinée : +1 dégât et +1 horreur sur Agnès ce qui entraîne +1 dégât sur Ashleigh.

Investigations :
Combat à la batte + défausse de héritage d'Hyperborée (6 contre 2) : pion tentacules. Echec automatique et défausse de la batte.
Combat flétrissement (6 contre 2) : -2 Succès. +2 dégâts sur Ashleigh.
Combat flétrissement (6 contre 2) : cultiste -2 Succès. +2 dégâts sur Ashleigh qui est battue. +1 horreur sur Agnès.
Peter se soigne -1 horreur.

Phase d'ennemis vide.

Phase d'entretien : +1R (8R), pioche de Creuser trop profondément.



Il n'y avait aucune technique dans le balancement de la batte de Peter ni aucune intention, juste un réflexe de défense, mais le choc contre l'avant-bras résonna comme les os de la chanteuse avaient été en acier. La batte se brisa en deux et l'extrémité supérieure vola à travers la salle en vrombissant. Agnès, qui se précipitait au secours de Peter, dut faire un pas de côté pour éviter le projectile et glissa sur la vase qui recouvrait le sol par endroits ; elle s'effondra à moitié sur la table et sa main plongea dans une assiette de ce qui aurait été de la soupe dans une réception du monde normal. Quelque chose de globuleux céda sous sa paume en répandant une odeur de cadavre et quelque chose d'autre, caché sous la surface couleur rouille, lui mordit le pouce. Plus furieuse qu'écoeurée, la sorcière saisit l'assiette et la projeta à travers la salle : le plat d'argent fit ce que la batte de Peter n'avait pas pu faire et entailla la chair bleuâtre du front. Les yeux caves, cernés de noir, se tournèrent vers Agnès qui commençait à en avoir vraiment assez.
Le sortilège laboura le bois de la table sur l'épaisseur d'une main et colla la chanteuse au panneau de la porte, lui ouvrant la poitrine d'où sortirent vers et insectes à gros bouillons. Peter tomba en arrière et recula précipitamment jusqu'au mur sans prendre le temps de se relever, les yeux hagards. Une torsion de la main crispée d'Agnès suffit à achever définitivement la mélodie d'outre-tombe : le cou de la chanteuse se rompit avec un craquement et elle s'effondra comme un pantin de bois.
Les convives avaient des sourires figés et le regard vide. Sébastien s'exclama :
« Magnifique ! Excellent sens de l'action ! Et vous jeune homme, quel naturel ! Si vous cherchez un petit rôle, venez me voir surtout. »
Ce compliment reçut l'approbation de tous et les invités se remirent à manger sans plus s'occuper d'Agnès qui venait de rejoindre Peter. Le jeune homme tremblait de tous ses membres et du sang coulait de ses oreilles.
« Peter ? Vous m'entendez ? »
Il hocha la tête sans pouvoir répondre tant ses dents claquaient. La sorcière lui prit le visage entre les mains :
« Écoutez ma voix et répétez après moi : tout ne va pas si mal. »
« Vous...vous êtes sérieuse ?! Comment est-ce que ça pourrait être pire ? »
Le regard d'Agnès devint hypnotique. Les pupilles de Peter se dilatèrent.
« Répétez ! »
« Tout...tout ne va pas si mal. »
« Je vais m'en sortir.
« Je...vais m'en sortir. »
« Et mademoiselle Baker a besoin de moi. »
La voix du jeune homme s'affermit :
« Et mademoiselle Baker a besoin de moi ! »
« Bien. Réveillez-vous et levez-vous. »
Peter cligna des yeux et se redressa vivement. Pendant quelques secondes, il eut l'air de se demander où il était puis son regard tomba sur le corps de la chanteuse et il eut un frisson.
« Si nous avons fini ici, je prendrais bien un peu l'air. »
« Bien sûr, répondit Agnès en se dirigeant vers un large balcon. Un escalier descend dans la cour, profitons-en. »
« Ne le pousse pas trop Agnès, il a ses limites. »
« Toi, je pense que tu vas avoir des choses à m'expliquer tout à l'heure : il faudra que nous parlions de Carcosa ! »



Tour 8 :
Phase de mythe : +1F (2/3). Convives hautains.

Investigations :
Déplacement dans la cour. Défausse d'une corrosion sans effet.
Déplacement dans la Salle de séjour.
+1R (9R) Nécessaire car je m'apprête à discuter avec Jordan Perry dans la salle de séjour.
Soin sur Peter -1 horreur.

Phase d'ennemis vide.

Phase d'entretien : +1R (10R), pioche d'un Regard hypnotique. Défausse du Regard hypnotique.
Fin de tour : défausse des convives hautains.




Ce n'était pas rien que d'être débarrassé des odeurs pestilentielles, de la cacophonie des conversations et du regard fou des convives. Pendant quelques secondes, Agnès et Peter purent avoir l'impression qu'ils étaient de retour dans le monde normal, quelques secondes seulement...
Des choses rampaient sur les toits et parfois même le long des parois avec la furtivité des chats mais avec trop de membres et de proportions trop diverses pour être naturelles. Chaque buisson était agité de frémissements de mauvais augure et les yeux jaunes aperçus à travers les fenêtres de la salle de bal étaient plus malveillants encore si c'était possible maintenant qu'on pénétrait directement sur leur territoire. Agnès songea qu'elle s'offrait le luxe, sans jamais avoir quitté Arkham, d'un sentiment d'effroi habituellement réservé aux explorateurs des jungles les plus dangereuses de la planète. À côté d'elle, Peter faisait bonne figure : l'hypnose lui avait fait du bien mais il était aussi évident qu'il était plus à l'aise avec une menace clairement physique.
Alors qu'ils traversaient la cour et contournaient la traditionnelle statue de fontaine, ils aperçurent un groupe d'invités qui discutaient sous un sycomore vénérable. Une jeune femme de type asiatique semblait mener la conversation avec entrain et sans sembler prendre en compte que deux au moins de ses interlocuteurs avaient la totalité du visage arraché. Agnès fut tenté de s'approcher malgré tout mais l'orientale se tourna vers elle, eut un sourire amusé et sermonna les convives sur les risques qu'il y avait à s'habiller en plouc quand on manquait d'éducation. Les lèvres de la sorcière se serrèrent mais quelque chose dans la posture étrangement cambrée de la jeune femme l'incita à plutôt traverser la pelouse jusqu'à l'autre aile de la maison et à entrer par une porte vitrée dans ce qui devait constituer la salle de séjour.
La chaleur y était presque insoutenable. Plusieurs cheminées ronflaient comme si la vie des résidents en avait dépendu en plein blizzard. Il n'y avait là pratiquement que des hommes qui fumaient d'énormes cigares pestilentiels et qui semblaient eux-mêmes ajouter à la chaleur ambiante. L'un d'eux, particulièrement massif, se tenait un peu à l'écart sur un canapé environné de fumée comme un volcan avant une explosion. Peter le désigna à Agnès :
« Je connais ce monsieur ! C'est une relation d'affaire de mon père un financier très influent. Quand j'ai enquêté sur la disparition de Danny, j'ai su que c'était lui qui avait financé la pièce. Il s'appelle Jordan Perry. »
« Quel genre d'homme est-ce ? »
Peter haussa les épaules :
« Le genre qui aime l'argent et qui s'ennuie. »
« Le genre qui a du temps pour parler donc... »



Tour 9 :
Phase de mythe +1F (3/3). transformation de Ishimaru Haruko dans la cour. Antiques fléaux +1F (1/3).

Investigations :
Discussion avec Jordan Perry + défausse de Perception (4 contre 2) : crâne / crâne / -2 Succès. Un indice et deux pioches de cartes : une pour la perception (Athamé spirituel), une pour l'effet de la salle de séjour (libérer l'âme)... tant pis : j'espérais un chanceux ou des icônes d'intelligence.
Discussion avec Jordan Perry (2 contre 2...) : 0 Succès. Un indice. Jordan Perry a été interrogé.
Déplacement vers l'entrée.

Phase d'ennemis : Haruko se déplace dans l'entrée. Engagement. Attaque de Haruko +1 dégât sur Agnès et +1 horreur sur Peter.

Phase d'entretien : +1R (8R), pioche de planque. Défausse de planque et de Athamé spirituel.




Jordan Perry n'était effectivement pas difficile d'approche : il trouvait tout naturel qu'un jeune homme de bonne famille, accompagné de la poule qu'il avait probablement levée aux cuisines, s'extasiât devant sa réussite. Agnès laissa Peter parler : il était évident, au premier regard qu'il lui avait lancé, que le gros financier ne concevait l'espèce féminine que dans une intention purement biologique et pratique. C'était un coup de chance, vraiment, que monsieur Perry connût le jeune homme car il se confia sans réticences sur son implication dans le financement de la pièce :
« J'ai payé pour toutes les représentations du Roi en jaune de l'année écoulée. Je n'avais pourtant pas confiance au départ : miser sur des saltimbanques, c'est comme bâtir sur du sable, n'est-ce pas ? »
Peter approuvait docilement en souriant malgré les bouffées épaisses de la fumée du cigare. En fait, il semblait que le nuage gris et nauséabond provenait de tout le corps du gros homme et s'exhalait des pores de sa peau épaisse. Quand il ouvrait la bouche, une lueur rougeoyante tremblotait au fond de sa gorge et Agnès, transpirante et mal à l'aise, avait hâte que la conversation cessât.
« Mais business is business et le spectacle ça peut rapporter gros. C'est Nigel Engram qui m'a convaincu. Nous étions à Paris, dans un café de Montparnasse...quel était son nom déjà ? Bah ! Ce n'est pas important. »
« Vraiment, s'étonna Peter, vous gagnez de l'argent en faisant une seule représentation par ville ? C'est assez surprenant. »
« Et bien...c'est-à-dire que je ne gagne pas vraiment d'argent sur ces prestations...mais il y a des effets bénéfiques indirects. Et puis...un investissement ne vise pas nécessairement un gain financier ! »
Il considéra son cigare avec attention, comme s'il avait du mal à accepter ce qu'il venait de dire. Une ride profonde sur son front se creusait et prenait des airs de fissure ardente. Peter jeta un coup d'oeil inquiet à Agnès qui lui désigna la porte du regard. Le jeune homme se leva :
« C'était un plaisir de vous croiser M. Perry. »
« Moi de même jeune homme. Mes amitiés à votre père. »
Les pupilles du gros homme étaient deux escarboucles. Peter et Agnès se hâtèrent de prendre le large. Ils étaient presque à la porte qui les ramenait à l'entrée lorsque la voix caverneuse traversa la pièce jusqu'à eux :
« L'Agneau perdu ! C'était ça le nom du café. Vous ne trouvez pas que c'est un nom étrange ? Mais diantre ! Quelle soirée ! »
Ils se retournèrent pour incliner poliment la tête en réponse mais il n'y avait plus rien à voir : Jordan Perry était totalement enveloppé par la fumée et seuls ses yeux rouges perçaient le brouillard épais qui l'entourait. Agnès tourna vivement la poignée de la porte, poussa Peter dehors et sortit à sa suite en refermant le panneau avec une certaine violence. Par contraste, l'air de l'entrée leur parut d'une fraîcheur glaciale. Le portier, toujours souriant, toujours amputé, se tenait derrière un comptoir d'acajou et tendait le manteau d'Agnès sur ses moignons.
« Ces messieurs-dames nous quittent ? J'espère que la réception vous a plu ? »
La sorcière récupéra sèchement son pardessus, vérifia son état et l'enfila :
« Très instructive, oui. »
« Vous m'en voyez ravi...oh, il semble que vous ne soyez pas les seuls à nous quitter : mademoiselle Ishimaru est également sur le départ. »
La porte-fenêtre donnant sur la cour vola en morceaux de verre et de bois dont plusieurs lacérèrent Agnès. Peter avait évité les débris en bondissant sur le côté mais il n'échappa pas à la vision d'horreur qui franchissait le seuil ravagé. On ne pouvait plus dire de la cambrure de l'asiatique qu'elle était étrange, le terme étant devenu bien faible : le torse était désormais relié au reste du corps par une colonne vertébrale à nu, démesurée, épaisse et couverte d'écailles suintantes. Le monstre se mouvait de manière atroce et en violation totale des lois les plus élémentaires de la physique. Le collier de perle encore accroché au cou de la chose et l'étole de fourrure blanche maculée de sang ajoutaient encore à l'horreur par leur incongruité.
Ishimaru se dressa de toute sa hauteur vacillante et sa tête effleurait le haut plafond. Elle siffla :
« Et ce manteau...vraiment, ma chère ! Vous n'avez aucun goût. »



Tour 10 :
Phase de mythe +1F (2/3). Convives hautains (merci!).

Investigations :
Creuser trop profondément (10R). Deux conséquences à l'événement :
Attaque d'opportunité. Je l'annule avec le regard hypnotique. Pioche -4 pas d'effet.
Pioche d'une Danse du roi en jaune. Test de volonté + défausse de Libérer l'âme (8 contre 3) : cultiste -2 succès.
Creuser trop profondément rejoint son collègue dans la pile de victoire.
Abandon et fin du scénario...question d'ailleurs : subis-je une attaque d'opportunité en abandonnant ? De toute manière, j'avais encore de la réserve pour l'encaisser.




Le regard aux pupilles fendues d'Ishimaru était aussi fascinant que celui d'un serpent et pendant une seconde ou deux peut-être Agnès se sentit dans la peau d'une petite boule de plumes sur le point d'être avalée...puis elle se rappela qu'elle tenait davantage du gros hibou mal luné.
Et les gros hiboux mangent les serpents.
Elle planta son regard dans celui de la créature oscillante qui se figea net avec un sifflement de dépit et de colère. Le regard de la sorcière ne cillait pas et elle força la longue colonne à se courber jusqu'à ce que le visage squameux se trouvât à hauteur du sien. Une haine pure ajoutait encore à la déformation des traits de l'asiatique, encore si gracieux quelques minutes auparavant, mais elle n'eut qu'un frisson d'impuissance quand la sorcière posa ses deux mains à plat sur les joues palpitantes.
« Peter ? » la voix d'Agnès n'était qu'un murmure mais elle entrait dans l'âme san avoir besoin de passer par les oreilles.
« Je suis là mademoiselle. Qu'est-ce que je peux faire ? »
Brave Peter ! Sa voix était blanche de terreur contenue pourtant et il devait être au bord de l'évanouissement.
« Vous allez sortir. Je vous rejoins dans une minute. N'essayez même pas de discuter, je peux vous y contraindre mais ce serait désagréable pour vous et pour moi. »
Il y eut un instant d'hésitation puis les pas du jeune homme rejoignant la porte d'entrée et sa sortie.
« Et maintenant... » le regard de la sorcière plongea plus profondément encore dans celui du monstre. Des gouttes de sueur perlaient aux tempes d'Agnès : elle savait qu'elle ne maintiendrait pas ce contrôle indéfiniment et qu'elle devait prendre une décision. Le sort de flétrissement affleurait à la surface de ses paumes, désireux de réduire le crâne immonde en cendres.
Non. Le sort ne désirait rien. C'était elle.
« Qu'attends-tu ? Elle va t'échapper et elle est trop rapide pour que tu t'engages en combat contre elle ! »
Au fond des pupilles de haine et de folie, Agnès voyait un tout petit point brillant et désespéré ; un radeau têtu sur un océan de démence. Une minuscule étoile d'humanité dans l'infini d'un ciel chaotique...soudain, la sorcière regretta d'avoir tué la chanteuse. Elle se sentit effroyablement lasse et le sort destructeur s'évapora comme une brume inoffensive. Mary gémit :
« Agnès...c'est du délire ! »
« Plus délirant que d'avoir voulu connaître Carcosa ? Une sorcière peut tout ce qu'elle veut, Mary, mais ce qu'elle ne veut pas vraiment, elle est incapable de l'accomplir... »
Agnès écarta doucement ses mains. Les pupilles vipérines s'écarquillèrent d'étonnement et Ishimaru, en quelques reptations saccadées, retourna dans la cour où elle disparut progressivement dans l'ombre.


Peter arpentait nerveusement le trottoir quand Agnès sortit enfin. Il se précipita vers elle :
« Est-ce que... ? »
« Je vais bien. » le coupa t-elle.
Il y eut un moment de silence et Agnès sut exactement ce qu'elle devait faire et ce qu'elle devait dire :
« Peter. Ecoutez-moi bien. Ce que vous avez vécu ce soir au théâtre et dans cette maison ne relève pas vraiment de la réalité. Demain, tout vous paraîtra plus clair et nous pourrons en discuter tous les deux si vous le souhaitez. »
le jeune homme eut un pauvre sourire :
« Pas réel ? Mais ... »
« J'ai dit pas vraiment réel. Vous allez rentrer chez vous et vous coucher. Je vais faire de même. Retrouvons-nous demain au Glenn's...disons en fin d'après-midi ? »
« D'accord...d'accord. »
Un peu sonné, il récupéra son vélo, l'enfourcha maladroitement et s'éloigna. Pris d'une impulsion subite, il fit demi-tour, revint près d'Agnès :
« Vous ne voulez pas que je vous raccompagne ? »
la jeune femme lui sourit gentiment :
« Non, Peter. Je sais me défendre. À demain. »
« A demain … Agnès. »
Il s'effaça progressivement dans l'obscurité des rues, non sans se retourner plusieurs fois. Dès qu'il eut complètement disparu, le sourire d'Agnès fit de même.
« Tu veux y retourner, n'est-ce pas ? »
« On ne peut rien te cacher. »

Plus rien ne permettait de relier le manoir aux événements maléfiques de la nuit : dès qu'Agnès eut franchi l'impeccable seuil, elle entendit le son anodin des conversations, à peine couvert par un jazz langoureux...et si elle n'avait pas encore eu à l'esprit les repas et les breuvages infects, elle aurait salivé en sentant l'odeur du porc rôti. Toutes les traces de lutte et de corruption avaient disparu.
Mais quand Agnès franchit l'angle du couloir menant à la salle à manger, elle le vit.
L’Étranger.
Il semblait en grande discussion avec un autre homme, élégant, moustachu et tenant une canne au pommeau d'argent étrangement sculpté. Une discussion de gentlemen au cours d'une réception de la haute société d'Arkham...si ce n'est qu'un des deux portait un masque.
L’Étranger se tourna vers Agnès qui fut submergée par un flot de sensations et d'émotions contradictoires. Le regard aigu semblait entrer dans sa tête et fouiller violemment. Une intense douleur finit par prendre le pas sur tout le reste et Agnès se réfugia derrière l'angle du couloir avant de quitter le manoir.
La vérité, elle dut l'admettre plus tard, c'était qu'elle avait pris ses jambes à son cou.
« C'était stupide ! Qu'est-ce que ça t'a apporté ? »
« Il fallait que je sois sûre... »
« Tu ne pourras jamais l'être, pas avec ...le roi en jaune. »
« Tu as failli prononcer un nom. »
Mary botta en touche :
« Et maintenant ? Je suppose que tu n'as jamais eu l'intention d'aller te coucher ? »
« Non. La nuit va être chargée. »



Conclusion C1.
Personnalités interrogées : Ashleigh Clarke, Sébastien Moreau, Jordan Perry.
Personnalités tuées : Ashleigh Clarke.
5 points d'expérience : 3 pour les 7 indices + 2 pour les Creuser trop profondément.

2XP pour un deuxième Peter Sylvestre expérimenté (il le vaut bien!).
3XP pour un flétrissement expérimenté.


INTERLUDE : Le prix de la folie.
Je choisis l'interlude 1 car c'est mon troisième essai sur cette campagne et je ne l'ai encore jamais pris.
+1 doute (2 en tout).
Poursuite de l'étranger inchangée (2).
Je me suis introduit dans une réunion secrète.
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HenZ
Investigateur averti
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MessageSujet: Re: Agnès Retour à Carcosa (narration longue): Le dernier Roi.   Agnès Retour à Carcosa (narration longue): Le dernier Roi. EmptyJeu 15 Mar 2018 - 0:56

Yeah! Je l'aime bien ce Peter. Ca change des discussions avec Mary. Bravo!
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MessageSujet: Re: Agnès Retour à Carcosa (narration longue): Le dernier Roi.   Agnès Retour à Carcosa (narration longue): Le dernier Roi. EmptyMer 21 Mar 2018 - 13:46

Bravo ! quel talent d'écriture ! je me suis régalé !
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